Les soucis du design

ENSAD, Paris

Désertion, bifurcation, refus : des actes forts ont été posés par des étudiant·e·s de plusieurs écoles et par des ingénieur·e·s professionnel·le·s. Ces “déserteur·se·s” mettent en cause la responsabilité de leurs activités et milieux professionnels dans les désastres sociaux et environnementaux en cours. Qu’en est-il des étudiant·e·s et des professionnel·le·s du design ? Comment y répondent les écoles ?

De manière encore éparse mais insistante, on observe des tactiques de réorientation des pratiques des designers. Des collectifs interrogent et réinventent leurs conditions de travail, certain·e·s changent de métier, ou d’autres encore font valoir le design dans de nouvelles sphères d’activité. L’intégration de perspectives (éco)féministes, décoloniales ou écologiques dessinent de nouvelles voies pour les praticien·ne·s. Mais, tirant parfois dans des sens contradictoires, ces développements entraînent leur lot de nouveaux problèmes et font apparaître des lignes de fracture. Bien souvent, ces problèmes réactualisent des questions déjà débattues dans l’histoire du design, en les revisitant à partir d’assemblages et de contextes nouveaux.

Les soucis du design

Un souci est un affect qui témoigne à la fois d’un attachement et d’un malaise. Signe d’un engagement actif avec une situation, il anime et met en mouvement.

Pendant une semaine, un espace d’échange ouvert à toutes et tous propose de dessiner un état des lieux partagé des pratiques dont se soucie le design. L’enjeu sera de clarifier les problèmes associés aux pratiques actuelles ou émergentes dans ce champ au moyen d’une enquête collective. Parmi ces problèmes, l’enquête s’attachera à ceux qui posent souci, qui ils préoccupent et pourquoi. In fine, la question sera de s’orienter dans le paysage des pratiques actuelles pour se demander : quelles pratiques développer, destaurer, instaurer ? Comment imaginer des formations adaptées ? Quelles attentions aux conséquences permettent-elles, empêchent-elles ?

La notion de souci insiste sur la relation de celui ou celle qui se soucie avec ce qui trouble : difficile à bien identifier ou à circonscrire, se manifestant dans une forme de quotidienneté, on n’y échappe pas, on ne le résout pas : on y travaille. Ainsi, lorsqu’on se soucie, on en a quelque chose à faire, et en faisant, on se risque à éprouver. Se trouvent ainsi entre-mêlés soin, préférence, hésitation, nœud, bile, tension. Au quotidien et par l’expérience sont mis à l’épreuve et configurés de nouveaux gestes, de nouvelles manières, susceptibles de transformer les situations et les praticien·ne·s afin d’atténuer le trouble.

Partagés ou exposés, que deviennent les soucis ? De quelle force peuvent-ils se charger ? Création de nouvelles attentions, de publics qui se reconnaissent des intérêts communs, de solidarités renouvelées, remise en question d’héritages (symboliques, matériels, organisationnels…). Ils peuvent offrir des prises pour des mises en mouvement collectives.

Se mettre en enquête

Une enquête collective s’interroge en tant que forme et les protocoles d’enquête se conçoivent et se mettent à l’épreuve : les moyens mêmes qu’on se donne pour se parler, pour décrire, font partie des effets qu’elle peut produire. Concrètement, cette semaine est d’abord un temps d’échanges, où la parole a une place première et permet de suspendre le jugement, d’écouter d’autres histoires. Se parler à deux, à trois, à trente, raconter des soucis : c’est une activité collective qui met en jeu des médiations, selon des protocoles. La semaine donnera ainsi lieu à des expérimentations sur les formes d’écriture et la scénographie des dialogues.

Calendrier des activités

  1. Identifier des soucis (jours 1 et 2)
  2. Enquêter et formaliser (jours 2, 3 et 4)
  3. Discuter à partir des soucis (jour 5)
Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi
10h–16h
Introduction, lancement
10h–16h
Enquête
10h–16h
Enquête
10h–17h
Enquête / scénographie & écritures
10h–16h
Scénographie / écritures
16h–19h (Public)
Émergence des soucis
16h–19h (Public)
Discussion des soucis
16h–19h (Public)
Discussion des soucis
16h–19h (Public)
Restitution des soucis / Discussion

Modalités

Cette semaine est proposée aux étudiant·e·s de tous les secteurs (tous niveaux), et se déroulera dans une salle de l’ENSAD (TBD), avec des temps ouverts au public et un temps fort de restitution le vendredi de 16h à 19h.

Les journées sont divisées en deux temps (sauf le jeudi) :

  • un temps de travail avec l’équipe d’étudiant·e·s et volontaires inscrit.e.s, de professeur·e·s et d’invité·e·s.
  • un temps d’échange et de discussion des “soucis”, ouvert au public.

Participation et inscriptions

Les temps d’échange (en soirée de 16h à 19h) sont ouverts au public.
Merci de remplir ce formulaire pour participer.

Équipe d’organisation

Initié par Pauline Gourlet (médialab de Sciences Po).
Avec le concours de Laurent Ungerer, Sylvia Fredriksson et Design Commun, Sarah Garcin. En dialogue avec Origens Médialab, l’Ensad et Ensadlab.